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Marielle et la Généalogie.....
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11 novembre 2017

Le Soldat inconnu

Nous fêtons aujourd'hui l'anniversaire de l'Armistice signée le 11 novembre de 1918 à 5h15, qui marque la fin des combats de la Première Guerre Mondiale. Dans nos pensées Soldat inconnu rime avec Armistice et cérémonie à l'Arc de Triomphe ! Mais tout  n'est aussi simple que cela paraît.

Sans nom, sans visage, le Soldat inconnu, inhumé sous l'Arc de Triomphe, est un symbole. Hommage à toutes ces vies brisées pendant ce conflit. Mais avant la commémoration, telle que nous la connaissons, sa création a généré quelques conflits.

 

Vue aérienne de l'Arc de Triomphe - Paris

Cela débute par la proposition, en 1916, de François SIMON, président du Souvenir Français, association fondée à la mémoire des morts de la guerre franco-prussienne de 1870, de recueillir au Panthéon les restes d'un soldat Mort pour la France. Très investi, François SIMON, crée le 2 septembre 1914 une association patriotique l'"Escorte d'Honneur". Son but est d'assister aux obsèques des soldats morts au champ d'honneur, de fleurir les tombes et de les visiter, remplaçant la famille absente. Sa devise : "Une visite, une fleur, une prière". Depuis le début du conflit François SIMON assiste à tous les enterrements des soldats morts dans les hôpitaux de Rennes, réconforte les familles. Ses deux fils sont mobilisés. Le 16 juin 1915 l'aîné, le lieutenant, Henri SIMON, meurt au cours de l'attaque du Labyrinthe en Artois. Ce deuil ne fait que renforcer sa détermination à rendre honneur à tous les combattants.

Le 26 novembre 1916, devant le monument du Souvenir Français, au cimetière de l'Est à Rennes, il évoque l'idée de l'hommage de la Nation à un Soldat inconnu représentant toute l'armée française.

Cette proposition, s'impose non seulement en France mais dans le monde entier. Pourtant, bien que faisant l'unanimité, elle n'est adoptée par l'Assemblée qu'un an après la fin des combats, le 12 novembre 1919.

Des discordes idéologiques naissent entre les partis de droite et ceux de gauche quant au choix du lieu de sépulture. Les uns voulant la grandeur patriotique de l'Arc de Triomphe, les seconds le refusant comme symbole de l'Empereur Napoléon 1er et demandant que le Soldat repose près des "Grands Hommes" du Panthéon.  Chaque camp s'accuse de récupération politique. Faute d'entente, le gouvernement propose que l'on célèbre, le 11 novembre 1920, le 50ème anniversaire de la IIIème République - qui aurait dû se fêter le 4 septembre – et la victoire de 1918. À cette occasion, il est évoqué que le cœur de Léon GAMBETTA, membre du gouvernement de la Défense de 1870, soit transféré au Panthéon. Malheureusement cette initiative ne semble pas suffisante au regard de l'hommage annoncé par la Grande-Bretagne à ses "Tommies"…  Le 11 novembre 1920, un Soldat inconnu sera inhumé dans la cathédrale de Westminster.

Une campagne de presse rondement menée réclame que l'inhumation du cœur de Gambetta soit couplée avec celle d'un soldat inconnu.

L'opinion publique est sous le choc, tant de familles meurtries par la perte d'un ou plusieurs fils. Ces familles les pleurent et il n'y a pas de tombe pour se recueillir... Les esprits s'échauffent dans la presse menaçant même de saboter la cérémonie officielle. Alors, en hâte, les députés votent le 8 novembre 1920 la loi qui entérine la translation des restes d'un soldat inconnu. Son corps sera déposé sous l'Arc de Triomphe.

Le choix du Soldat inconnu.

Après ces nombreuses tribunes dans les colonnes de "Le Journal" ainsi que celles de "L'Intransigeant", entre le mois d'octobre et le début du mois de novembre 1920, il faut choisir le Soldat inconnu et la décision est prise d'exhumer un soldat.

Le 8 novembre 1920, les huit généraux des secteurs où se sont déroulés les combats les plus meurtriers : Flandre, Artois, Somme, Ile de France, Chemin des Dames, Champagne, Verdun, reçoivent l'ordre de "Faire exhumer dans un endroit qui restera secret, le corps d'un militaire, dont l'identité comme française est certaine mais son identité personnelle n'a pu être établie". Initialement neuf soldats et neuf secteurs sont retenus, mais dans l'un d'entre eux aucun des corps exhumés n'offre la certitude d'être français. Le 9 novembre, les huit soldats sont placés dans des cercueils en chêne et transférés à la citadelle de Verdun, Meuse, lieu symbolique, qui sera pour l'occasion transformée en chapelle ardente.  C'est André MAGINOT, ministre des Pensions, mutilé de guerre, qui préside la cérémonie du choix du soldat. Les cercueils sont alignés sur deux rangs, recouverts du drapeau tricolore et ornés de palmes funéraires en bronze. La lourde tâche de désigner un cercueil revient à Auguste Jules Louis François THIN, vingt-et-un ans, ayant combattu dans les rangs du 132ème R.I. natif de Cherbourg, Manche, Fiche matriculeAD du Calvados – 1R/469 – 1919, qui est appelé après la défection d'un premier Poilu hospitalisé.

Auguste Jules Louis François THIN, dans son uniforme neuf, rejoint la garde d'honneur chargée de veiller sur les cercueils. André MAGINOT lui remet un bouquet d'œillets blancs et rouges qu'il doit déposer sur un cercueil. "Celui que vous choisirez sera la soldat inconnu que le peuple accompagnera demain sous l'Arc de Triomphe" lui dit-il. Pour faire son choix, Auguste Jules Louis François, qui appartient au 6ème Corps, prend les nombres de son régiment 132 et les additionnant il obtient le chiffre 6. Cela sera donc le sixième cercueil qui partira pour Paris.

Le convoi de Verdun à Paris s'effectue en train. Après une étape au Panthéon, le Soldat inconnu est mené à l'Arc de Triomphe le 11 novembre 1920 avec les honneurs de la Nation. Après avoir remonté les Champs Elysées, le cortège s'arrête sous l'Arc de Triomphe. Le cercueil du Soldat inconnu est inhumé définitivement le 28 janvier 1921. Le caveau est refermé par une plaque en granit portant l'inscription "Ici repose un soldat français mort pour la France 1914-1918"

 

Cérémonies du 11 novembre 1920 - Gallica/BNF

 Cercueil du Soldat inconnu devant l'Arc de Triomphe– Gallica/BNF

L'idée de faire brûler une flamme en permanence est évoquée en 1921 par Grégoire CALVET, sculpteur, reprise en 1923 par Gabriel BOISSY, journaliste, c'est Jacques PERICARD, ancien combattant de la Grande-Guerre, journaliste, qui propose de faire ranimer la flamme chaque jour à 18h30 par des anciens combattants.

La Flamme est allumée la première fois le 11 novembre 1923 à 18 heures par André MAGINOT, ministre de la Guerre. Depuis cette date, le "ravivage" de la Flamme sur la tombe du Soldat inconnu a lieu tous les jours à 18h30. C'est le Comité de la Flamme, représentant des associations d'anciens combattants, ainsi que celles reconnues pour leur civisme, qui s'assurent du bon déroulé de la cérémonie.

Ravivage de la Flamme

 

NB : Henri FAVIER, architecte, dessina à la demande d'Edgar BRANDT, son ami, la bouche à feu : gueule d'un canon braqué vers le ciel encastré au centre d'une rosace représentant un bouclier renversé dont la surface ciselée est formée par des glaives représentant une étoile. Edgar BRANDT, ferronnier, se chargea de la réalisation.

 

Le Journal 12 novembre 1920 L'Intransigeant – 12 novembre 1920

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