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Marielle et la Généalogie.....
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29 décembre 2023

Challenge UPro-G – Décembre 2023 – Un enfant de l’assistance ou l’histoire de Jeanne dite Rosa Labrousse

Le 11 juin 1856, à huit heures du soir, au hameau de Lafarge, commune de Jumilhac-Le-Grand, en Dordogne, Anne Labrousse donne naissance à une petite fille. Cette nouvelle devrait réjouir cette jeune femme de vingt-deux ans, mais c’est le désarroi qui l’habite.

Anne accouche chez Françoise Monchaty, et le 13 juin à midi, cette dernière déclare la naissance à la mairie. L’enfant est prénommée Jeanne.

Pourquoi accouche-t-elle chez Françoise Monchaty ? Est-ce une personne de sa famille ? Une amie ? Malgré les recherches effectuées dans les recensements, pour tenter de trouver un lien familial, celles-ci restent infructueuses. Il en est de même pour Anne, qui, dans l'acte naissance de Jeanne, est déclarée demeurant à La Forge des Ferrières à Jumilhac-le-Grand, or elle n’apparait ni dans les recensements de 1851 ni dans ceux de 1856 et 1861[1]. Il y a une Marie Labrousse, épouse de Jean Monastier, mais rien n’indique de parenté entre-elles. Le recensement de 1856, a été signé par le maire le 5 juin, Anne est donc arrivée après cette date.

La lecture de l’acte nous fait comprendre le désarroi d’Anne : Jeanne, est née de père inconnu.

[3] Livret de placement - AD de Dordogne – 3X145

C’est le 21 juin suivant que le destin de ce nouveau-né va changer, Françoise Monchaty se présente à l’hospice civil des enfants assistés de Périgueux pour y déposer Jeanne. Les raisons de son abandon ne sont pas détaillées. Le lendemain, l’enfant, prénommée Jeanne, est baptisée Rose. Elle est immatriculée sous le numéro 885, puis placée, le surlendemain, chez Sicarie Combéalbert, épouse de Jean Téléniaque, au hameau de Lageard à Coutures, à environ 70 km de Jumilhac-le-Grand. Ce couple est déjà en charge d’une autre petite fille[1] de quatre ans.

 

Jeanne passe deux ans dans cette famille. A la suite d’une petite opération, sans plus de précision sur sa santé, elle est confiée à la garde de l'épouse de Robert Sudret, Marguerite Rival, le 20 février 1858. Le couple n'a pas d'enfants, mais est heureux d'accueillir Jeanne dans leur modeste logement, au hameau de Lafaurie à Lusignac, toujours en Dordogne. La lecture du livret de placement montre qu'elle a été bien soignée et que Marguerite et Robert se sont bien occupés d'elle. Lors d’une inspection, les commentaires de Robert sont mal interprétés. Jeanne leur est retirée le 17 août 1859 et renvoyée à l'hospice. Grâce à l'intervention écrite du maire, l'administration leur accorde l'autorisation de reprendre la garde de l'enfant.

  

Extrait du livret de placement[3]

Marguerite et Robert s’occupent de Jeanne jusqu’au 18 juin 1865, elle est âgée de neuf ans. C’est un couple peu fortuné, l’administration ne paie pas régulièrement les frais d’assistance. Ils se sont donc résignés à rendre Jeanne à l’hospice.

Pour Jeanne commencent les changements successifs, entre le 18 juin 1865 et le 23 février 1871, elle est confiée à six familles, pour des placements variant entre quatre et vingt-quatre mois. Jeanne fugue à plusieurs reprises pour retourner chez le couple Sudret. Le maire du village a dû faire intervenir la gendarmerie afin de la déloger. À partir de là, le comportement de Jeanne change. Elle commence à voler. Dans un courrier du maire de Villetoureix, le 17 juillet 1867, celui-ci écrit « …et moi-même je pense qu’il est urgent que cette enfant qui a les plus mauvais antécédents, et qui outre de cette disposition à l’évasion qu’elle a déjà pratiqué cinq ou six fois, a aussi un penchant pour le larcin, soit réintégrée à l’hôpital, pour y recevoir des punitions et admonestations dont elle a le plus grand besoin… ».

Lors de son dernier placement connu, en 1871, Jeanne est âgée de quinze ans. Dans son dossier, entre cette date et un courrier provenant de Bordeaux en 1878, il y n’a aucune information la concernant.

Jeanne réapparait en 1879, un article dans la presse de Bordeaux, mentionne son nom. Elle est accusée de vol qualifié. Son procès en Cours d’assise a lieu le 13 février 1879[3].

Alors employée dès le début de l’été 1878, comme femme de chambre dans une maison honorable à Gradignan, Jeanne est renvoyée pour inconduite le 22 octobre suivant. Le 26 du même mois, son ex-employeuse s’aperçoit de la disparition de plusieurs objets. Jeanne est alors arrêtée et avoue rapidement. Elle rend tous les biens volés à sa patronne. Elle est condamnée à trois ans de prison.[4]

La lecture de l’article de presse[5], nous apprend que Jeanne a déjà été condamnée pour des antécédents plus que fâcheux au point de vue moralité.

Jeanne est incarcérée à la prison pour femmes de Cadillac en Gironde. En recherchant des informations la concernant, principalement sur Généanet, j’ai trouvé son acte de mariage en 1882 à Saint-Laurent-du-Maroni en … Guyane ! Que s’est-il passé pour que Jeanne soit arrivée si loin de sa Dordogne natale ? Là c’est une autre histoire que je vais tenter de démêler !

 

 



[1] Recensements Jumilhac-le-Grand 6MI47 -1851 – 6MI67 - 1856 - 6MI180 – 1861.

[2] Recensement Coutures - 6MI65 - 1856.

[3]  Registre des matricules des enfants assistés à l’hospice de Périgueux - 3X145 - 18 déc. 1855 - 5 sept 1859.

[4] AD de Gironde - 2U881 - Arrêt de Cour d’assises de Bordeaux – 13 février 1879.

[5] Retronews – Journal La Gironde 15 février 1879.



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